L’énurésie est héréditaire. Nous connaissons même les gènes qui en sont responsables. Si vous ou votre partenaire souffriez d’énurésie quand vous étiez petits, il y a 44% de chances que votre enfant fasse lui aussi pipi au lit. Et si c’était votre cas à tous les deux, la probabilité monte même jusqu’à 70%. Inutile donc de jeter des regards réprobateurs sur votre enfant, car il n’y est pour rien !
10% des enfants de 6 à 7 ans font encore pipi au lit. Ce pourcentage tombe à 5% chez les enfants de 10 ans. Si, à 7 ans, votre enfant fait encore pipi et ne suit aucun traitement, il y a 5% de chance que le problème persiste tout au long de sa vie.
Si vous vous contentez d’attendre que la situation se résolve d’elle-même, vous imposez à votre enfant un pénible fardeau qui pourrait être à l’origine d’humiliations, d’une perte de l’estime de soi et d’autres troubles psychologiques. Alors, au boulot ! Il n’y a pas de temps à perdre !
L’enfant ne se réveille pas quand sa vessie est pleine ou lorsque celle-ci se contracte involontairement. Il continue à dormir tranquillement, comme une adorable petite marmotte.
L’enfant ne parvient pas à contrôler l’activité du muscle de sa vessie (le détrusor), laquelle se contracte dès lors involontairement et inconsciemment, même si elle n’est pas complètement pleine. C’est le cas chez les enfants qui ont également souvent des petits accidents le jour, comme s’ils avaient attendu trop longtemps avant d’aller aux toilettes. L’enfant n’en est pas responsable, ne le punissez donc pas.
Une hormone, l’hormone antidiurétique (ADH), est responsable de la concentration de l’urine pendant la nuit. Le taux de cette hormone augmente avec les années et atteint normalement son maximum aux alentours de 5 à 6 ans. En cas de déficit de cette hormone et de production d’urine trop élevée excédant le volume de la vessie à cet âge, l’enfant va faire pipi au lit. Ce sont les enfants qui se réveillent le matin avec une couche qui déborde (ou qui ont mouillé leurs draps).
L’un ou les deux de ces facteurs associés au fait que votre enfant soit un gros dormeur, expliquent l’incontinence nocturne dans la majorité des cas.
Votre enfant de 5 ans fait encore régulièrement pipi au lit ? Il est fort probable qu’il ne parvienne pas à se débarrasser de ce problème sans traitement et mieux vaut dès lors consulter votre médecin traitant.
Votre enfant est un peu ‘gêné’ de ces accidents nocturnes ou de ses couches ultra pleines ? N’hésitez pas à prendre rendez-vous chez le médecin. Agissez avant que l’estime de soi de votre enfant en prenne un coup.
Consultez également si vous vous faites du souci (pour quelque raison que ce soit), si votre enfant souffre de constipation, s’il se plaint de ressentir de la douleur et des brûlures lorsqu’il urine (la nuit et le jour) ou s’il a aussi des petits accidents le jour.
Le médecin va vous poser quelques questions de base et procéder à un examen clinique pour tenter de déterminer les facteurs qu’il doit cibler.
Il pourra vous proposer de tenir un calendrier des moments auxquels votre enfant boit et urine pendant deux semaines.
Il pourra aussi demander à votre enfant de faire plusieurs ‘superpipis’ (voir ci-dessous).
Il sera en mesure d’établir si d’autres problèmes concomitants aggravent la situation, tels que la constipation, le trouble du déficit de l’attention ou une infection urinaire. Dans ce cas, le problème associé doit être traité par priorité, avant de s’attaquer à l’incontinence nocturne. Souvent, l’énurésie prend fin par elle-même dans un tel cas.
Il vous recommandera une visite chez un urologue si de plus amples examens s’imposent. Ce n’est cependant que rarement le cas lorsqu’il est question d’une énurésie ordinaire.
Il vous conseillera une thérapie, en fonction de l’âge de l’enfant et des causes sous-jacentes. Le réveille-urine est le plus efficace à long terme. Parfois, des médicaments sont nécessaires pour soutenir la vessie (lorsqu’elle est trop petite ou lorsque l’enfant produit trop d’urine la nuit).
Il stimulera également l’enfant à s’hydrater suffisamment et à adopter une bonne technique lorsqu’il urine (ses petits pieds bien ancrés dans le sol, une bonne posture, ne pas se forcer !).
Votre enfant devra être suivi jusqu’à ce qu’il soit propre pendant 3 à 6 mois d’affilée et que le médecin se soit assuré qu’il suit bien les consignes. Le docteur va vous motiver et vous tranquilliser, vous et votre enfant, en vous expliquant que le problème peut être résolu, mais que vous devrez faire preuve de patience.
N’excluez pas le traitement ! Pensez à ce que l’énurésie peut impliquer pour votre enfant. Tenez bon ! La réussite d’un traitement ou d’une thérapie dépend de la motivation et de la persévérance de l’enfant, mais aussi de ses parents.
Instillez chez votre enfant un maximum de positivisme. Soyez un roc et continuez à l’encourager. Libérez votre enfant de tout sentiment éventuel de culpabilité. Ainsi, ne reprochez pas à votre enfant de vous réveiller la nuit, même si vous n’en pouvez plus.
Optez pour la responsabilité partagée. Laissez votre enfant vous aider à nettoyer le lit la nuit après un accident.
Évitez les désagréments pratiques et achetez des couches-culottes. Elles ressemblent à de vrais sous-vêtements !
N’utilisez pas des termes négatifs tels que ‘paresseux’ et ‘bébé’, ne lui dites pas des choses telles que ‘tout le monde est propre sauf toi’, ou ‘mets-y un peu du tien’. Vous ne devez en aucun cas l’humilier, le rabaisser, l’accuser ou le punir.
Les méthodes de grand-mère sont déconseillées : ne réveillez pas votre enfant la nuit pour le forcer à aller aux toilettes (ce n’est pas ainsi qu’il acquerra le contrôle de sa vessie) et n’optez pas pour un système de récompense (en cas d’échec, l’enfant se sentira coupable et mal dans sa peau, sans que cela ne l’amène à la propreté nocturne).
Rappelez régulièrement à votre enfant d’aller faire pipi. N’adoptez pas un ton trop contraignant ou sévère, pour ne pas qu’il se force. Demandez à votre enfant de passer aux toilettes avant d’aller au lit.
L’enfant ne doit en aucun cas se forcer lorsqu’il urine. Au contraire, il doit se sentir détendu et adopter une bonne ‘posture toilettes’.
Apprenez à votre enfant, surtout si c’est une fille, à ne pas trop frictionner et à ne pas s’essuyer trop fort après un passage aux toilettes. Apprenez-lui à s’essuyer doucement, de l’avant vers l’arrière. En effet, une hygiène exagérée entraîne chez les petites filles une tendance à se retenir, ce qui n’est naturellement pas souhaitable.
Veillez à ce que votre enfant fasse régulièrement la grosse commission. Après les repas, incitez-le à passer aux toilettes.
Assurez-vous de donner à votre enfant une alimentation équilibrée, avec suffisamment de fibres. Ne prenez pas le repas principal juste avant d’aller au lit et évitez l’excès de sel et de protéines.
En journée, votre enfant doit boire suffisamment, surtout le matin et l’après-midi. Modérez la prise de boissons le soir et limitez-la une heure avant d’aller au lit. Il n’est pas nécessaire de lui interdire carrément de boire le soir. Vérifiez si sa gourde est bien vide à son retour de l’école et demandez éventuellement à l’institutrice de contrôler.
Un enfant pesant entre 20 et 40 Kg doit absorber 50 ml/kg de liquide par jour. À partir de 7 à 8 ans, il doit boire 1,5 litre par jour, soit six grands verres.
Si votre enfant revient de l’école avec sa gourde pleine, n’ayez pas recours à des subterfuges pour l’obliger à récupérer l’apport manquant le soir. Il peut certes boire le soir, mais avec modération.
Durant l’apprentissage de la maîtrise de la vessie, oubliez le verre de lait avant d’aller au lit. Le lait surcharge tellement les reins que la production d’urine augmente fortement. Cela vaut également pour le fromage, le yaourt et les autres produits laitiers.
Ne proposez pas à votre enfant des boissons contenant de la caféine ou de la théine. La caféine stimule les reins à produire plus d’urine, obligeant votre enfant à uriner davantage. Évitez donc le coca (toutes les variétés), le thé glacé, le café, le thé… surtout l’après-midi et le soir. Attention, un bâton de chocolat noir contient autant de caféine qu’une cannette de coca !
Le soir, évitez les légumes tels que le céleri, l’oignon, le persil, l’aubergine et l’ail, et ne donnez pas de fruits tels que de la pastèque, du raisin ou des agrumes avant d’aller au lit, étant donné qu’ils contiennent de 90 à 95% d’eau.
Complétez-le deux fois sur une période de 24 heures et montrez-le à votre médecin. Optez de préférence pour une journée de semaine.
Quantité bue | Pipi ? |
Accident ?
| |
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Matin | …x…. | ||
Récré | …x…. | ||
Temps de midi | …x…. | ||
Récré | …x…. | ||
Soir | …x…. | ||
Heure du coucher | …x…. | ||
Nuit | …x…. |
Complétez-le pendant 2 semaines et montrez-le à votre médecin
Vous pouvez également télécharger les calendriers en cliquant ici.
Lorsque le volume de la vessie est largement inférieur à la normale attendue en fonction de l’âge de l’enfant, il convient de faire preuve d’une attention toute particulière. Boire suffisamment est un bon début. Le ‘superpipi’ vous donnera une idée du volume de la vessie de votre enfant.
Choisissez un jour de week-end. Demandez à votre champion de boire plusieurs verres d’eau d’affilée. Incitez-le à retenir son urine le plus longtemps possible. Quand il a l’impression que sa vessie va exploser, permettez-lui de faire pipi en toute tranquillité (dans un petit pot ou un grand verre gradué).
Relevez le volume. Comparez-le au volume normal de la vessie d’un enfant de l’âge du vôtre en faisant le calcul suivant (approprié jusqu’à 14 ans) :
volume = (âge en années + 1) x 30 ml
Par exemple, un enfant de 7 ans doit avoir une vessie d’une capacité d’environ 240 ml. Si, après ce super pipi, vous voyez que la capacité de votre enfant n’est que de 150 ml, un petit entraînement s’impose certainement. Discutez-en avec votre médecin. Si le lange de nuit contient 300 ml alors que le volume de la vessie d’un enfant de l’âge du vôtre est de seulement 180 ml, cela en dit aussi long.
Par Dr. Sofie Vanderoost – Médecin généraliste