L'historienne Elisabeth Badinter a décrit les pratiques de placement des jeunes enfants durant les siècles passés. Ils étaient placés chez une nourrice, à la campagne, jusqu'à l'âge de 6 ans environ, période pendant laquelle les parents n'avaient que peu (ou pas) de contact avec eux. Situation tout à fait inimaginable de nos jours, où même le simple fait de faire garder son enfant lorsque l'on travaille nous semble déjà fort culpabilisant.
Au fil du temps, les choses ont bien changé, et l'enfant a pris une valeur de plus en plus importante au sein des familles.
Les progrès de la médecine ont eu un impact important sur cette situation. La naissance est devenue un événement souhaité, les risques de mortalité sont devenus très faibles, favorisant un investissement fort du jeune enfant par sa famille. Le bébé est ainsi devenu un “enfant-roi”, centre d'intérêt de ses parents.
Il existerait en chacun de nous, hommes et femmes, un désir d'enfant. A la base de ce désir, se trouve notamment : un désir de donner la vie, un besoin de création, un souci de perpétuité, une idée de rester en vie, l'envie de transmettre son nom à la génération suivante, ...
Il y aurait chez la femme, dès son enfance, une représentation de la maternité, illustrée par les jeux de poupée, la dinette, ou le fameux "papa-maman". Cet instinct de la maternité précède donc la grossesse, recouvre cette période et se poursuit tout au long de la vie de l'enfant, même devenu adulte !
Il faut aussi distinguer le désir d'enfant, lequel suppose que l'on a tout un projet pour celui-ci, du désir de grossesse. Dans ce dernier cas, la mère souhaite avant tout être enceinte, notamment pour se prouver qu'elle peut avoir un enfant, ou parce qu'elle apprécie cette phase particulière de sa vie, sans avoir particulièrement envie d'avoir un enfant. Dans la majorité des cas, fort heureusement ces deux projets se rencontrent chez la même personne. On peut fort bien aimer être enceinte et souhaiter un enfant pour lui-même.
Pour beaucoup d'auteurs, on ne naît pas mère, on le devient. Ainsi, pendant la grossesse, la future maman se prépare à devenir une “bonne mère”, relativement adéquate et compétente. Les bébés ne sont pas livrés avec “un mode d'emploi”; c'est à toute maman (et à tout papa) de s'adapter à chacun de ses enfants, en fonction de ses besoins et de son tempérament.
Cet instinct maternel et le lien qui se tisse dès la grossesse entre la future maman et son bébé rendent cette tâche possible. Cette sensibilité toute particulière de la maman la rend attentive aux attentes et aux besoins de leurs enfants, chacun reconnu dans sa singularité, et lui permet de se réveiller chaque nuit au moindre pleur de bébé, voire de les anticiper !
Cet instinct ne la lâchera plus et la fera s'émerveiller pour le moindre dessin de son enfant, s'inquiéter de chaque petit bobo ou chaque maladie, ou encore lui permettre de trouver le geste ou le mot qui réconfortera son petit. C'est aussi l'enfant qui rendra la maman sensible face à toute séparation, la rendra émue lors de la rentrée scolaire, mais qui lui permettra également d'être la personne qui connaît le mieux son enfant et de s'épanouir et grandir en sécurité.
La maman sera sensible et fière de la réussite scolaire, sociale ou professionnelle de son enfant. Elle sera tout autant marquée quand il rencontrera une difficulté. Et même lorsqu'il sera devenu adulte, ce sera toujours son enfant, qu'elle aura toujours envie de conseiller, d'aider et de protéger. Pour permettre à son enfant de grandir, il lui faudra aussi le laisser faire ses propres expériences, se faire discrète, mais rassurante.
Être mère, c'est une mission pour toujours et pour tous les jours !